Histoire d'un soir 3
Patiente, patiente la fin est proche.......
Gentle13
Le temps passe et tout s’arrête, le temps semble figé dans une sorte d’éternité, comme une statue qu’on immortalise pour en garder le souvenir.
Voilà le moment propice pour dire la vérité lui dit-il ! Quelle vérité demanda t-elle ! Que dois-je savoir que je ne sais déjà ?
Que je ne suis pas celui que tu crois, je suis celui qui vient hanter tes nuits, je suis dans tes rêves, je parcours tes souvenirs à la recherche de ton passé.
Mes rêves m’appartiennent s’indigna t-elle ! Je ne me souviens d’aucun d'eux et d’ailleurs tu n’apparais dans aucun d'eux.
C’est normal lui répondit-il dans un calme olympien, je suis toi. Je suis ton double car chacun de nous possède un double, le reflet de ton miroir n’est pas forcément l’image que tu crois être.
Mais de quoi parles-tu à la fin cria t elle. La colère montait en elle, son visage s’empourpra, les veines de son front grossirent. Elle détourna une fraction de seconde son visage, il avait disparut, comme s’il n’avait jamais existé, elle se retrouva seule au milieu de nulle part. Un rire sardonique jaillit …Je te l’ai dis, je suis toi, tes rêves m’appartiennent, même tes souvenirs sont miens. Dorénavant c’est le reflet de mon visage qui apparaîtra dans ton miroir, tu auras disparu, tu n’existeras plus, ni morte ni vivante, tu erreras dans un espace confiné avec pour seule compagne la folie, ta folie, celle qui te guette depuis ta naissance et que tu te refuses à voir. Physiquement présente, c’est moi qui serai toi, ton âme et ton esprit seront fusionnés avec ce que je suis, tu seras devenue une présence désincarnée sans réalité propre, tu ne seras plus qu’une errance, plus qu’un souvenir. Même ta conscience ne sera plus. Et tu sauras alors qui je suis exactement !
Soudain un cri, un cri rauque qui surgit du fond de sa gorge, elle se lève trempée de sueur, la peur se lit sur son visage déformé par un rictus. Elle se réveille en sursaut, ouf ! Se dit-elle c’est juste un cauchemar. Elle se dirige dans la cuisine, elle sent que quelque chose a changé, elle ne saurait dire ce que c’est. Elle se verse un verre d’eau fraîche qu’elle boit d’une traite, chose qu’elle n’a jamais fait, elle sent ses attitudes changées, son comportement n’est plus le même, elle ne se reconnaît plus dans ses faits et gestes. Et là…Horreur absolue, c’est comme si la terre s’arrêtait de tourner, son monde basculait tout à coup, il y avait quelqu’un d’autre qui la regardait mais ce n’était pas elle. A qui alors appartenait le visage qu’elle voyait dans la glace, imaginez la surprise, la peur que cela peut engendrer. Le reflet qu’elle apercevait n’avait plus rien à voir avec le sien. Qui était cette personne qui était en face d’elle ? Ce n’était plus un cauchemar, c’était pire que ça c’était une malédiction qui prenait forme sous ses yeux incrédules, qu’avait-elle fait ? Qui était responsable de ça, elle, où fallait-il remonter plus en arrière dans le temps et jusqu’où ? Patricia sentait au fond d’elle-même un irrésistible changement mais pas seulement sur le visage non, c’était plus profond que ça, c’était son comportement entier qui se transformait, son apparence restait femme, son corps se modifiait, ses formes changeaient, elle qui était filiforme sans atout particulier, elle devenait quelque chose qu’elle ne reconnaissait pas du moins……
.Vivait-elle un cauchemar dans son cauchemar, allait-elle se réveiller et reprendre le cours normal de sa vie. Dans sa tête tout s’embrouillait, puis tout lui devenait insensiblement étranger, son corps, cette salle de bain, cette maison, elle ne reconnaissait plus rien. Patricia s’approchât d’un cadre sur la bibliothèque du salon, elle représentait une photo de femme avec un enfant, à coté un autre contenant la photo d’un homme là encore mystère.
Dans ce passé très lointain en 1470 vivait un couple harmonieux, sans histoire, un couple comme tant d’autre, la femme à la maison le mari au travaille, c’était comme ça une institution qu’on ne pouvait pas changer qui remontait à la nuit des temps. Par une journée d’orage, sous une pluie battante, l’homme s’en alla travailler comme chaque jour. Ce jour là, il changea son trajet sans vraiment savoir pourquoi, il fit un détour par cette route dite « maudite » par les anciens du village qui pensaient qu’une malédiction fut jetée par une troupe de saltimbanque sur le maire du village pour avoir sali l’honneur d’une de leur fille et l’avoir ensuite lâchement abandonnée, avec pour cadeau un bébé. La malédiction remonte à cette époque, la mère de la fille, sorcière et guérisseuse, ne voulut rien entendre malgré les supplications du mari et de la famille, car le village employait certains saltimbanques pour des travaux pénibles. Peu payé, il pouvait gratuitement occuper le terrain vague de la commune le temps de leur passage. La mère du se résigner, mais au fond de son cœur et dans le plus grand silence elle ruminait sa vengeance, le prix de la trahison serait élevé, personne n’avait jamais agi comme ça envers elle ou sa fille, aucun homme ne se saurait avisé sachant qui elle était. La sorcière allait jeter un sort sur lui et sa famille jusqu’à la cinquième génération. Aucune des femmes à venir ne pourra enfanter, aucun homme qui naîtra ne pourra procréer. Mais le pire était qu’à un certain âge chez la femme s’opérera une transformation qui mènera irrémédiablement vers une mort dans d’atroce souffrance. Là seulement l’âme de la guérisseuse ainsi que celle de sa fille sera soulagée. Libérées du poids de sa vengeance la mère et la fille pourront enfin être libre dans cet ailleurs où la mort les aura conduites.