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  le blog anthologie

La Russie faite femme

8 Janvier 2007 , Rédigé par gentle Publié dans #anthologie

Voilà une grande dame, le moment est nécessaire de vous la présenter car l’œuvre est immense et vaut bien qu’on s’y arrête, certains d’entre vous la connaisse peut être déjà ou ont déjà lu certains de ses livres, mais pour les autres comme moi d’ailleurs que ne la connaisse pas ou n’ont jamais rien lu d’elle je pensais que l’occasion était propice à cette petite halte du côté de la Russie, j’ai volontairement coupé sa biographie pour une brève présentation mais je mets le lien en ligne afin que vous puissiez suivre sa carrière afin de mieux connaître le personnage exceptionnel qu’elle était, les grands personnages passent sur terre mais leurs souvenirs demeurent à jamais.

http://tsvetaeva.free.fr/biographie.html

1892.

26 septembre : naissance de Marina Ivanova Tsvetaeva à Moscou. Fille de l'historien d'art Ivan Tsvetaev (fondateur du musée des Beaux-Arts, actuellement musée Pouchkine), lequel était veuf, père de deux enfants, et de Maria Mein, pianiste.

1941.

22 juin : les troupes allemandes franchissent la frontière de l'Union soviétique.
21 août : Tsvetaeva et son fils sont évacués à Elabouga, en Tatarie.
31 août : Marina Tsvetaeva se suicide (par pendaison) à l'âge de 49 ans.
4 septembre : Mour part comme volontaire au front ; il sera tué en juillet 1944 en Lettonie.
16 Octobre : Sergueï Efron est exécuté.

Armando

L’offense lyrique, ou une vie au cœur de la tourmente
lundi 4 septembre 2006.
 
En 1924, Marina Tsvétaïeva écrivait à une amie : "on m’aimera (enfin on me lira) dans cent ans !". Heureusement, les Editions Farrago, Editions Léo Scheer n’ont pas attendu un siècle pour faire paraître l’offense lyrique et autres poèmes !
Marina Tsvétaïeva : L’Offense lyrique et autres poèmes
Marina Tsvétaïeva : L’Offense lyrique et autres poèmes
Editions Farrago, Editions Léo Scheer,
Depuis une bonne dizaine d’années, les publications concernant l’œuvre de Marina Tsvétaïéva se sont succédées en Russie et dans le monde. Si dans notre beau pays de France on peut lire de nombreuses pages d’une prose admirable, il n’en est pas de même concernant la publication de l’œuvre poétique, qui malheureusement se réduit, encore aujourd’hui, à une poignée de poèmes. L’offense lyrique vient enfin combler ce manque.

Il faut bien avouer, à la décharge des traducteurs, que l’œuvre poétique de cette artiste ne constitue pas une entreprise aisée. En effet, sa prédilection pour l’ellipse, les enjambements, l’invention lexicale, l’actualisation audacieuse des formes hypothétiques et une idée de lecture idéale ne pouvait que dérouter, voir décourager les plus audacieux ! Au-delà de ces difficultés multiples, on s’aperçoit qu’il n’existe pas une poétesse, mais plusieurs, aussi nous avons la chance de serrer entre nos mains ce recueil qui contient à la fois les poèmes de « l’offense lyrique », mais également tous les poèmes de Marina à Sophia Parnok, compris dans « Sans lui » (Fourbis 1994), ainsi que tous les poèmes de Marina Tsvétaïeva (la main courante 1992).

Dans ce livre, le lecteur découvrira également de nombreux poèmes inédits en français, c’est dire l’importance de cette parution qui constitue pour la première fois dans notre langue, la somme la plus complète de la poésie de cet auteur d’exception.

On ne peut aborder cette œuvre avec détachement ou neutralité."Ecrivez, écrivez davantage ! Fixez chaque instant, chaque geste, chaque soupir !... Il n’y a rien qui ne soit important !", s’écriait Marina. Et durant sa courte et tragique existence, elle n’a cessé d’écrire.

Elle souligne dans la préface d’un volume composé des extraits de ses premiers recueils (L’album du soir et la lanterne magique).... "la force est dans ce qui est révélé. Tout ce qui m’est cher, je le livre en jugement."

Nous voilà prévenus. N’oublions jamais le lyrisme de cette artiste qui exprime des sentiments, des lieux, des instants dans un langage presque toujours inspiré. Ses images possèdent la transparence et la beauté sensible de ce chant inconnu qui monte, authentique vague secrète, du tréfonds de l’âme.

Le poème se métamorphose en outil plastique, véritable passeport de la modernité qui transmet l’obsession amoureuse, parfois érotique, dans le dénuement, la misère et la solitude.

"Mes poèmes sont un journal intime", notait Marina. C’est en 1975 que les archives de littérature et d’art reçurent l’ensemble des archives de la main de sa fille Ariane Tsvétaïeva-Efron. Poèmes, manuscrits, carnets de notes, brouillons divers, correspondance, épreuves de livres. Ce récent dépôt montre que nous ne sommes encore qu’à l’aube de découvertes importantes car, n’oublions jamais, la chemin tragique de cette femme qui eut une vie insouciante, aisée, où l’art guidait chacun de ses pas, puis, à la césure même de son existence (24 ans), la révolution d’Octobre fit voler en éclats ce beau rêve pour tracer un chemin de tourments, de pleurs, de décès et de sang...

Marina Tsvétaïeva mettra fin à ses jours le 31 août 1941 dans une ville de Province : Elabouga. Elle avait 48 ans. Comme pour effacer jusqu’à son ombre sur terre, malgré les recherches, on a perdu toute trace de sa tombe.

"Je n’aime pas la vie en tant que telle. Pour moi, elle commence à " signifier", c’est-à-dire à acquérir un sens et un certain poids seulement une fois qu’elle est transfigurée, autrement dit dans l’art." écrivait Marina à la fin de l’année 1925.

Dans le déroulement de son existence, Marina ne retient que les moments transfigurés par son lyrisme. C’est à partir du Verbe, qui résiste à l’usure de la monotonie, que les gestes et les paroles prennent de la hauteur et par conséquent, atteignent le seuil de l’immortalité. Nous entrons dans le cercle admirable où les silhouettes abandonnent leur cape d’ombre pour revêtir la magie des visages.

Marina, au fil de « l’offense lyrique », nous prouve qu’elle est, et pour toujours, une des plus grandes voix poétiques du XXème siècle, et que sa trajectoire incandescente, n’appartient plus à la souffrance, mais bien à l’ineffable. Son cœur, à jamais invisible, bat dans toutes les poitrines, comme « une offense lyrique » ! Un maître livre !

"Je confie ce livre au vent
Et aux cygnes qui passent.
Pour crier plus fort que la séparation
Il y a peu, j’ai brisé ma voix.

Ce livre, comme une bouteille à la mer,
Je le jette dans le tourbillon des guerres ;
Afin qu’il voyage, simplement, de la main
A la main, comme un cierge dans une fête.

Vent, vent, mon fidèle témoin,
Va dire à ceux que j’aime
Que chaque nuit, dans mes rêves,
Je fais le chemin - du Nord au Sud."

(Moscou, février 1920)

(Poème à son fils)

"Notre conscience - n’est pas votre conscience.
Allez - Allez ! - Oubliez tout, enfants,
Ecrivez vous-mêmes le récit
De vos jours et de vos passions.

Loth, et sa famille de sel -
C’est notre album de famille.
Enfants, réglez vous-mêmes les comptes
Avec la ville qu’on veut faire passer pour -

Sodome. Tu n’as pas frappé ton frère -
C’est clair, pour toi, mon ange !
Votre pays, votre siècle, votre jour, votre heure,
Et notre péché, notre croix, notre dispute, notre

Colère. Serrés dans une pèlerine
D’orphelin dès votre naissance -
Cessez de prendre le deuil
Pour cet Eden que vous n’avez pas

Connu ! Et pour des fruits - que vous n’avez
Jamais vus. Comprenez : il est aveugle -
Celui qui vous emmène à l’office des morts
Pour le peuple, et qui mange du pain,

Et qui vous en donnera - comme
C’est rapide, de Meudon au Kouban...
Notre querelle - n’est pas votre querelle.
Enfants, créez vous-mêmes vos propres
Désaccords."

(Janvier 1932)

"Les yeux sont en pleurs, et
Les larmes de fureur et d’amour
Et les Tchèques en pleurs...
Et l’Espagne dans le sang...

Et cette sombre montagne
Obscurcit - le monde entier.
Il est temps - il est grand temps -
De rendre mon billet au créateur.

Je refuse - d’être.
Je refuse - de vivre
Parmi les loups sur la place
Dans cet asile et ce néant.

Je refuse - de hurler
Avec les requins de la plaine -
Je refuse de glisser
Sur leur dos, au fil de l’eau.

Nul besoin d’une oreille fine,
Nul besoin d’un regard prophétique,
A ton monde insensé
Je n’oppose qu’un refus."

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Z
Bonjour Armando, merci bcp pour le lien... à bientôt !! Suis déjà allée sur l'autre blog... je n'ai pas laissé de com'... Bon dimanche !
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L
merci de ton appréciation élogieuse. ton ancienne adresse m'envoyait sur une page introuvable, j'ai repéré un de tes posts, sur un autre blog.<br /> j'aimerai bien effectivement réfléchir à ta suggestion de participation mais ne trouve pas l'article en question. J'attends donc tes infos. Bonne aprés midi.
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C
un petit coucou rapide ... je commence ma tournée avant de repartir... ha lala ! dure la rentrée ! bisous et bonne soirée , christel
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