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  le blog anthologie

Raspail

7 Avril 2007 , Rédigé par gentle Publié dans #anthologie

Aujourd'hui je vais vous parler d'un auteur que j'ai découvert récemment, et dont j'ai dévoré et le mot n'est pas trop fort, un de ces livres : "L'anneau du pêcheur"donc il m'a semblé logique de vous en dire un peu plus sur l'auteur. Je vais pour ma part me mettre en que de trouver d'autres livres du lui car je peux vous dire qu'il écrit très bien et vous êtes vite pris par l'intrigue et par les personnages
Armando

Bien qu'il soit né à Chemillé-sur-Dême (Indre-et-loire), le 5 juillet 1925, Jean RASPAIL affirme volontiers, à l'occasion : «Ma famille est languedocienne. Département de l'Hérault » ( La Hache des Steppes.)

 De son enfance et de son adolescence, si l'on sait peu de choses - sinon qu'il est le fils de d'Octave Raspail, Président des grands moulins de Corbeil, Directeur général des mines de la Sarre et de Maguerite Chaix, qu'il fréquenta le collège Saint-Jean-de-Passy et l'Institution Sainte-Marie-de-Monceau, à Paris, qu'il fut l'élève de Marcel Jouhandeau et poursuivit ses études à l'École des Roches de Verneuil-sur-Avre - on peut du moins en reconstruire vaguement les contours, selon ce qu'en dit Jean Raspail au début de Pêcheurs de Lune : « [Au printemps 1949], je ne laissais derrière moi, à Paris, que le manuscrit d'un roman de quatre cents pages refusé par toutes les maison d'édition et qui portait un titre ridicule, et une jeune fille que je croyais aimer. [...] A mon retour en France, un an plus tard, j'avais tant idéalisé la jeune fille que, naturellement, je m'en séparai. Elle n'était plus un être de chair. Quant au manuscrit du roman, abandonné chez des amis, oublié, jusqu'à son titre, mais retrouvé par hasard quarante-quatre ans plus tard, je viens de le lire. Ah, ce n'était pas le missing ring que j'espérais ! Un vide autobiographique consternant. A présent, je comprends pourquoi j'avais tout plaqué et tourné le dos à moi-même. Je n'étais pas encore né et je crois que la jeune fille le savait...»

A quoi peut-on reconnaître un grand écrivain ?

A son style, assurément. 

Et puis à sa façon particulière d'aborder les êtres et les choses. Un grand écrivain les voit d'une façon à nulle autre pareille; et ce faisant, il nous les fait redécouvrir, à nous autres qui sommes ses lecteurs. Prenez Jean Giono. Personne avant lui n'avait vu les Alpes de Haute-Provence comme lui les a vues dans ses romans. Il en va des grands écrivains comme des grands peintres : ils modifient le regard que nous portons sur notre environnement.

Enfin, un grand écrivain se reconnaît aussi, sans doute, à sa capacité de créer son propre monde, avec sa géographie, sa cohérence, ses thèmes récurrents, ses leitmotiv, ses figures, ses saveurs, ses couleurs... Bref, le propre d'un grand écrivain est d'être son propre démiurge.

Après s'être essayé à l'écriture de manière infructueuse au sortir de l'adolescence, Jean Raspail a très vite eu l'intuition de ses manques - et de la nature même de ce qui lui manquait : un vécu et une perception qui lui soient propres. Il lui fallait, pour commencer, prendre la mesure de lui-même, se tester en quelque sorte, se frotter au monde pour en tirer la substantifique moelle d'un univers qui demanderait à être mis en forme ensuite, par l'écriture.

Il repose donc la plume et tourne la page. 

La France de l'après-guerre panse ses plaies et, avec la décolonisation, rétrécit singulièrement sa ligne d'horizon.  Le jeune Jean Raspail, lui, aspire au contraire à s'échapper vers le vaste horizon. Il met le cap par conséquent vers la terre mythique de toute une génération (via les westerns de John Ford), qui, au temps de l'enfance, oubliait avec délice l'école, des après-midi d'été entières, en jouant dans les herbes hautes et les bosquets aux Indiens et aux cowboys.

En garçon sage et bien élevé, Jean Raspail se garde toutefois de prendre comme modèle un quelconque aventurier par trop aventureux. Son "Saint-patron" sera le père jésuite Jacques Marquette qui, né à Laon, dans l'Aisne, en 1637, mort le 18 mai 1675, «au milieu des forests», non loin de l'actuelle ville de Luddington (Michigan), avait été à l'origine de la première exploration du Mississipi par les Français.

Mais ce qui attend Jean Raspail aux États-Unis, ce n'est pas le monde des westerns; c'est un village oublié à la Theodor Kröger; un village algonquin - porte qui s'entrouvre un bref instant, pour le jeune homme, sur un au-delà qui lui fait confusément pressentir qu'il vient de découvrir son vrai "chez lui" - là où il se sent bien, où il se sent en accord avec lui-même, avec le monde, avec quelque chose de mystérieux et d'insaisissable, mais de profondément envoûtant, qui appelle à être exploré.

Le pressentiment est néanmoins encore trop vague, trop imprécis pour inspirer le désir irrésistible d'en fixer la trace sur le papier. Jean Raspail rejoint ses amis et se remet en route. Il lui faut poursuivre le voyage. Aller plus loin. S'ouvrir davantage l'espace...

Ce sera alors bientôt le grand raid trans-américain, depuis la Terre de Feu jusqu'en Alaska. Et cette fois, l'aventure est telle, qu'elle exige un compte-rendu. Jean Raspail s'y attellera, méthodiquement, comme on fait un rapport d'arpentage. Presque tout ce qui deviendra par la suite la substance de son oeuvre romanesque s'y trouve... en puissance, naturellement. Les mondes perdus des Kaweskar de la Terre de Feu, des Incas, des Indiens d'Amérique du Nord, la Patagonie, les rencontres les plus inattendus dans les lieux le plus inattendus, la mélancolie d'une absence, les désillusions et parfois l'ironie du regard... à telle enseigne qu'en 2001, après plusieurs dizaine de romans, de récits de voyages et de recueils de nouvelles, Jean Raspail commencera son nouveau livre - Adiòs, Tierra del Fuego - par une évocation des lieux dont la description,  un demi-siècle auparavant, constituait pour ainsi dire l'ouverture de son tout premier récit - Terre de feu-Alaska.

Entre deux : tout un monde.

Car en un demi-siècle, Jean Raspail est parvenu, sans conteste, à construire un univers bien à lui, immédiatement reconnaissable pour n'importe quel oeil de lecteur un tant soit peu exercé, un univers dont la note de basse fondamentale est empreinte d'une immense mélancolie.

Né trop tard, désillusionné trop tôt - par une France offrant le spectacle de sa lamentable débandade de l'été 40 ( il faut relire à ce propos les pages hallucinantes,  si cruellement réalistes, de L'île bleue), Jean Raspail n'a cessé de livre en livre d'affirmer son style, tandis que se développait l'originalité de sa vision du monde et que s'organisaient les grands thèmes qui parcourent ses oeuvres. En cela, il a renoué avec la longue tradition des auteurs à la fois populaires et appréciés d'un cercle de fervents admirateurs qui, presque plus qu'ils ne lisent ses oeuvres, les vivent... Comme si, entre ses lecteurs et lui, Jean Raspail était parvenu, au nez et à la barbe d'une certaine critique, à faire passer le mot, à cristalliser un certain type d'imaginaire collectif en une communauté d'esprit et de cœur qui, pour l'occasion, aurait pris pour nom : Royaume de Patagonie.

Jean Raspail a donc beaucoup voyagé, de l'Amérique à l'Asie, en passant par les Caraïbes, les «Terres saintes et profanes» d'Israël, de Jordanie et du Liban, le Japon...  Tout cela, avant de retourner (ou de se retourner) vers son propre pays et d'y découvrir, là encore, une absence terrible...

Politiquement incorrect, Jean Raspail l'est depuis toujours, au sens fort du terme, et l'est même devenu de plus en plus à mesure qu'il avançait en âge,  ne cessant de mettre à mal les idées reçues et convenues, principalement depuis la parution de son célèbre Camp des Saints.  Mais c'est peut-être qu'à la faveur de ses nombreux voyages à travers le monde, Jean Raspail a pu se faire une idée très précise des ravages de cette uniformisation grise qui nivelle aussi bien les peuples que les mœurs, les spécificités culturelles, religieuses, morales de chacun, pour les ramener au plus petit dénominateur commun. Ce que Jean Raspail aime par-dessus tout, ce sont les différences et ce qui le différencie, lui, de cette espèce de consensus (pour reprendre un terme très en vogue) qui se fait passer volontiers pour une nouvelle morale universelle, c'est son refus de prôner toute forme "d'intégration" au profit d'une affirmation forte et fière de ces différences. Encore faut-il avoir la fierté de ses propres différences, non pas en avoir honte... Une fierté qui, chez Jean Raspail, s'exprime avant tout par la mémoire vécue et par une certaine attitude qui, tout en se moquant d'elle-même avec humour et légèreté, est seule en mesure de donner une belle colonne vertébrale à l'homme occidentale moderne. En d'autres termes, s'il faut aux peuples disparaître fatalement un jour ou l'autre, alors mieux vaut pour eux disparaître, comme les Kaweskars de Terre de feu, seuls, sans compromis avec l'Autre, qu'à la façon de cette petite tribu sédentaire du bas Pérou, dont Jean Raspail nous narre l'histoire exemplaire dans La Hache des steppes :

«Mes Guanaquis, donc, vivaient dans un village de branchage et de chaume, mais sans refuser d'admettre l'existence d'un univers différent du leur, s'accommodant aimablement d'une cohabitation sans osmose qui faisait leur force et leur originalité. [...] Je me souviens parfaitement que dans leur merveilleux outillage, figuraient de nombreuses haches de pierre assez semblable à ma hache de basalte. Ils s'en servaient pour toute sorte d'emplois, avec une dextérité stupéfiante qui révélait une longue technique transmise de père en fils, en même temps que les haches. [...] Vingt ans plus tard, m'a raconté le comte de Umbolt, ethnologue allemand, le village était presque désert. Trois familles y croupissaient dans une misère de bidonville et cependant, alentour, rien n'avait changé. [...] J'avais demandé au comte de Umbolt : "Et les haches de pierre?" Il me répondit qu'il n'en avait vu aucune mais que les hommes semblaient bien maladroits avec leurs hachettes de fer rouillé, si on en jugeait par l'état pitoyable de leurs cabanes. Je suppose qu'un triste jour, par je ne sais quelle aberration, ils s'étaient laissé tenter au passage du bazar ambulant. Dès lors, ils avaient perdu le contact qui leur avait fait traverser les siècles. Le peuple guanaqui n'existe plus. Il n'y a plus que des individus.» 

Et tout est dit !

Est-ce que réellemnt tout est dit ? Ne devons-nous pas toujours chercher plus loin, puisque d'après certain la Vérité est ailleurs ! Mais où est-elle, où devons-nous la chercher ? Beaucoup en parle mais combien sommes-nous à la détenir, à l'avoir approcher un tant soit peu, réfléchissons ensemble à ça.

«On ne renonce pas à la fidélité. [...] La fidélité n'est peut-être pas une fin en soi et on perd beaucoup de monde en chemin par refus de transiger, mais pourquoi transigerait-on quand on tient la vérité? Dans notre cas...» 

Jean Raspail

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O
Je ne connais pas du tout, mais ce semble un écriivain-explorateur très intéressantAmitiés
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F
Hello Gentle13 ! Tout ce passe bien par ici ? ;) On dirait que le cadre du bas de ton article a élargi le blog ou c'était pour donner l'impression qu'il y a moins à lire ;o))<br /> En parlant de la lecture, j'aimais bien le fond gris clair à l'arrière des textes, je crois que tu appelais ça "mettre le fond en citation", ça ressemblait à des pages posées sur ton blog, c'était très agréable mais c'est toi le maître des lieux, moi je donne seulement mon avis ;)<br /> Il est très important pour les blogs à textes que la lecture soit facile. Si tu es satisfait et que tu n'as plus de repproche par tes visiteurs c'est le principal :)<br /> A bientôt l'ami !
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A
coucou a tu eu tes oeufs de paques et les a tu trouvé lol .. gros bisous
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~
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