L’égaré
Je me suis perdu au fils des mots, je croyais avoir trouvé une certaine liberté en écrivant mais bien au contraire je me suis emprisonné, je me suis ficelé. Aujourd’hui encore les barreaux de l’écriture sont là invisibles mais présent, ils pèsent sur ma vie comme un étau qui m’enserre. Je ne puis m’y résoudre et je ne voudrais m’en défaire, comme une obsession qui envahit ma tête et s’insère dans mon corps, d’où peut être l’expression "avoir un beau corps d’écriture" mais que dis-je ! Je m’égare dans le couloir de l’absurde, dans le labyrinthe du ridicule mais peu m’importe je fais ce que je peu, je fais avec ce que la nature m’a donné, les mots vont et viennent, se heurtent et s’entrechoquent, de temps en temps ils s’alignent les uns aux autres et de temps en temps se repoussent parce qu’incompatibles entre eux. Je n’ai pas les moyens je n’en ai que l’envie, le désir de faire et de parfaire ce qui dort sur un support et qui ne verra sûrement jamais le jour.
Lire et écrire, cela me poursuit depuis maintenant un sacré bout de temps. Je passe du temps à griffonner des histoires que j’efface aussitôt parce qu’elles me semblent totalement loufoques
Lire et écrire j’en ai besoin pour vivre, les mots les phrases sont un espace nourricier auquel je m’abreuve pour nourrir mon intellect comme un feu qui couve qui faut alimenter pour pas qu’il s’éteigne.
C’est l’histoire qui se répète
C’est l’histoire d’un homme qui se cherche à travers l’écriture
C’est l’histoire d’un homme qui souffre et qui s’essouffle qui voit demain comme un défi, un combat à livrer pour ne pas sombrer dans les affres, dans le gouffre noir : cet abîme insondable de sa conscience au repos.
Cet homme fut un temps était prolixe, sa plume courrait sur le papier et rien se semblait l’arrêter, une écriture quasi automatique qui le dominait sans qu’il ne puisse l’empêcher. Mais il sait qu’il peut il sait qu’il est capable d’aller jusqu’au bout de son rêve lui manque simplement le courage de s’y mettre de s’imbriquer et de faire qu’un avec les mots, de faire qu’un avec les pleins et les déliés, les accents, les points virgules tout ce cortège qui font le charme d’un bon livre.
Je me consume dans le temps, je me désagrège dans l’espace, solidaire de l’un comme de l’autre, mon esprit plane au-dessus du monde.
Je vois à travers le monde les esprits malfaisants, les esprits malicieux, les âmes en peines et les esprits torturés.
Je voyage au-delà des mots, sur les ailes des oiseaux migrants, sur les phrases toutes faites qui ne résument rien, qui expliquent tout.
Voyageur infatigable je parcours le monde tel un ermite éternel qui plongeait dans sa solitude contemple les mots dans la splendeur de l’azur.
Avant que le soleil s’éteigne, que la lune disparaisse, que le monde s’engloutit dans les ténèbres, je préfère partir en fumée dans l’éclatante blancheur d’une éternité : Car qui n’a point d’espérance n’a point de vie.
La vie, la mort, l’amour une seule et même chose quelque soit le côté où l’on se trouve.
Le temps, l’espace porte ouverte sur l’autre coté du miroir, miroir sans tain où rien ne transparaît mais laisse deviné ce qui se cache derrière.
Rien !
Voilà l’unique Vérité. Rien de plus rien de moins autant vivre avec ça comme absolue certitude que notre monde, notre univers n’est en faite rien d’autre que le fruit d’un hasard compliqué où entre en jeu des forces qui dépassent notre entendement.
Rien !
Voilà l’unique Vérité, toute « révélation » n’est que pure exagération, car rien n’existe de plus faux qu’une contre vérité sur un Dieu qu’on trahi quand tout ne va pas comme on le voudrait.
Voilà quand le temps s’y prête, l’homme écrit l’homme pense, il vogue sur la vague de l’inspiration. Quand le sommeil le fuie quand l’ennuie le taraude il s’attable se cale dans son fauteuil prend sa plume et laisse son imagination vagabonder. Fixé sur son objectif il en oublie les heures plus rien ne compte plus rien n’a d’importance. Idée fixe, lubie, fuite ses mots tournent en boucle dans sa tête, au point qu’il n’en comprend pas la signification mais il sait que cela à un sens ne serait-ce qu’inconsciemment. Il vouera sa vie à sa quête, à son saint graal à lui. Le temps n’a pas d’importance seul compte la vie et rien d’autre il ne mourra que lorsque il aura achevé l’œuvre de sa vie quand il aura atteint le but ultime savoir réellement qui il est.
Un sacré travail qui l’attend, la connaissance de soi pour atteindre la conscience des autres, un travail de longue haleine qui mérite qu’on lui sacrifie une vie entière : Sa vie.