Jean Orizet :Le voyageur poète
Gentle13
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Cette aventure permet à Jean Orizet de nous faire partager le festin de ses voyages, de parcourir, en sa compagnie, le monde et de recueillir la parole des hommes qui bougent, aiment, torturent et qui parfois apportent le bonheur en se réconciliant.
Mais cette boule magnifique que nous appelons la terre, qui tourne sans fin dans l’espace, ne possède -t- elle pas, en ses fibres profondes, le berceau de nos rêves et les racines éternelles de notre devenir ?
Au début du roman, nous faisons connaissance avec François, journaliste, écrivain et avant tout poète, dont la jeunesse s’est épanouie au coeur même d’une bibliothèque fabuleuse où il apprit à déchiffrer les premières lettres de l’alphabet de l’âme.
Après chaque reportage, François aime particulièrement retrouver sa maison du Bois- Neuf. Elle est spacieuse et solitaire, adossée à la poitrine d’une nature sauvage. Son omniprésence permet à François de se ressourcer, peut-être même de frôler l’impalpable velours de ses désirs...
Cet artiste aime entrer dans la forêt et répondre à l’invitation de ses sentiers mystérieux que le promeneur ordinaire dédaigne toujours de peur d’égarer ses pas et sans se l’avouer de perdre "cette chose" qui bouge au fond de son être et qu’il n’a jamais su nommer.
François marche suivant l’invisible fil d’Ariane qui lui permet de franchir les" Portes d’Ivoire" sur le seuil desquelles s’enlacent les vibrations des mondes qui nous entourent et nous composent.
Lors d’une longue promenade, notre héros croise un homme dont les yeux sont la vivante réplique des siens. L’inconnu interroge le journaliste : "Excusez moi, Monsieur,savez vous comment se rendre au château des Brèches ?"François répond négativement, car il ignore l’existence même de ce ce château. L’inconnu remercie et s’éloigne. Quelques mètres plus loin, l’un et l’autre se retournent pour fixer cet "entretemps" suspendu au cou du sablier, avant de se fondre, chacun de son côté, dans cette nature qui retiendra le souvenir de cette rencontre à l’origine d’une aventure aussi extraordinaire que naturelle.
L’échange, banal et bref, a laissé dans le coeur de François, une cicatrice, celle du "premier regard". Cette scène devient la nourriture de choix d’un rêve dont l’épaisseur des images est telle, que le voyageur nocturne peut les frôler, les toucher, les respirer en un "ballet désir" qui ne quittera plus ses pensées. Au réveil, François n’aura plus qu’une idée en tête : retrouver l’inconnu qui "possède ses yeux" ! Le duo deviendra trio : Luciane, Arnaud et François. Cette triade chevauchera l’invisible coursier de leurs interrogations en traversant le labyrinthe de l’éphémère et de l’illusion.
Une histoire aux ailes de légende, à la crinière folle de l’épopée qui entraîne le lecteur dans un tourbillon où l’inéluctable bouscule le quotidien et ouvre une large brèche dans la chair de l’inconnu. Un livre de chevet dont la lecture ne s’achève jamais, car nous sommes, à un moment ou à un autre, un des personnages de ce roman qui cherche à rejoindre ses rêves !...
"Quelqu’un s’avançait vers lui. L’homme était grand, avait de l’allure : sa démarche, ses traits semblaient familiers. Ils se trouvèrent face à face et leurs regards se croisèrent. "Nous avons le même couleur d’yeux" se dit François. "Excusez-moi Monsieur, savez-vous comment se rendre au château des Brèches ? demanda l’homme. A cet instant, François eut l’impression que l’inconnu avait également noté la similitude des regards.
Non, je ne connais même pas l’existence de ce château, dit-il.
Merci, dit l’homme avant de s’éloigner. François reprit sa marche. Après quelques mètres il se retourna ; l’autre fit de même et de nouveau leurs regards se croisèrent. Puis chacun alla son chemin. De retour au Bois-Neuf, François se remémora la façon dont le promeneur était vêtu : pantalon et veste de toile couleur feuille morte, portés sur une chemise à petit carreaux de style anglais. Il inspecta sa penderie, trouva un ensemble de forme et de couleur proches, passa le tout et se planta devant une glace : l’inconnu était devant lui."