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  le blog anthologie

La russie des poètes

18 Mai 2007 , Rédigé par gentle13 Publié dans #anthologie

Avec le temps je me suis aperçu que la Russie détenait un vivier impréssionnant de poètes et d'écrivains, autant féminin que masculin, d'ailleurs j'en ai souvent parlé afin d'apprécier cet état d'esprit autre le nôtre. Cet homme ci par exemple est déjà plus que connu à travers le monde littéraire, il a voyagé à travers l'Europe et  au delà de sa terre natale même si nul n'est prohète en son pays il aimera jusqu'à son dernier souffle sa patrie, sa chère et tendre mère patrie la Russie. Il restera le plus célèbre des poètes lyriques Russe, Essénine a survécu à la révolution Russe qu'il décrira dans ses poèmes en 1925. Bonne lecture et je m'xcuse par avance de la longueur de l'article.
Armando


Sergueï Alexandrovitch Essénine (en
cyrillique Сергей Александрович Есенин, également transcrit sous la forme Essenine ou Serge Essénine ou même Esenin) est un poète marquant de la Russie du vingtième siècle. Né le 21 septembre 1895 (le 3 octobre selon le calendrier grégorien adopté en Russie dès février 1918), il mit fin à ses jours le 28 décembre 1925 à Léningrad.Sergueï Alexandrovitch Essénine (en cyrillique Сергей Александрович Есенин, également transcrit sous la forme Essenine ou Serge Essénine ou même Esenin) est un poète marquant de la Russie du vingtième siècle. Né le 21 septembre 1895 (le 3 octobre selon le calendrier grégorien adopté en Russie dès février 1918), il mit fin à ses jours le 28 décembre 1925 à Léningrad.
Serguei Essenine Ou le doigt du destin
 
La vie d’un poète est parfois une curiosité souvent une interrogation, presque toujours un glaive de lumière qui fend, l’espace d’une seconde, notre obscurité. Avec la parution aux Editions CIRCE d’une anthologie bilingue magistralement présentée par Henri Abril (regroupant une centaine de poèmes dont plus de la moitié concerne de nouvelles pièces), nous entrons au coeur même de l’oeuvre de Sergueï Essenine.
Sergueï Essenine : L’Homme noir
Sergueï Essenine : L’Homme noir
 
Si la naissance d’un poète est souvent un mystère, celle d’Essenine porte déjà, dans son nom et dans son aspect physique, les traces d’un cheminement, les marques d’un parchemin secret.

 

Son nom de famille, nous apprend Henri Abril, se prononce “ Lessenine ” et “ Lessen ”, signifie automne et le poète est né justement le 21 septembre 1895. (le 3 octobre selon le calendrier grégorien adapté en Russie dès février 1918).

Deux couleurs issues des entrailles du nom filial (syn), le bleu intense qui, en corrélation avec le bleu azur goulouben (titre du second recueil d’Essenine paru en 1918), imprègne toute son oeuvre jusqu’au poème persan de la fin. L’autre couleur omniprésente... le jaune d’or, est également né de son nom, “ un automne doré ” indissociable de l’âme poétique russe, nous confie encore Abril dans sa préface.

C’est ainsi que le poète aux cheveux d’or et aux yeux de ciel entrait dans le royaume incertain des hommes. Les poèmes de cette anthologie sont classés chronologiquement et s’ouvre en 1910, année où Sergueï était à l’école normale de Spas Klépiki, pour s’achever en 1927. Quinze ans pour aller de l’apprentissage à la mort, 15 années pendant lesquelles le poète s’inventera un passé personnel et familial et se tournera vers la religion pour séduire son ainé qu’il admire, Alexandre Blok, premier poète de l’époque.

Sans être un paysan véritable, son attachement à la terre, à sa patrie n’en n’est pas moins sincère. Il a vécu au milieu de la nature, et cette Russie paysanne coule dans ses veines. Il a également compris, sans doute intuitivement, le désarroi esthétique et moral des intellectuels pétersbourgeois qui ne retrouvent plus leurs racines en cette année 1915. Essenine se rapproche des socialistes révolutionnaires de gauche, mais en juillet 1918 c’est le triomphe des bolcheviks et notre poète tente de sortir de l’impasse en affirmant qu’il était avec les SR, non comme militaire, mais uniquement comme poète.

Cet épisode n’apparaîtra plus dans sa biographie rédigée en 1925. Sergueï fonde, fin 1918, l’ordre des imaginistes, avec Cherchénivitch, Ivnov et Marienhof. C’est dans les villes et plus particulièrement à Moscou que les “ happening ” ont lieu. Ces actions, comme par exemple revêtir les murs du monastère de la Passion de poèmes ne le détournent pas réellement de son amour pour la nature, la terre, sa patrie.

Le paysage que l’on découvre alors ressemble à un champ de bataille où règne la famine, la mort et la désolation. La collectivisation est à l’origine de ce désastre et le poète, toujours à la Proue des navires du monde, avait déjà pressenti la fin du tsarisme dès 1916, comme le prouvent certains de ses poèmes.

Il prophétisa également, dans un essai rédigé durant l’automne 1918 les clefs de Marie ou les sources de Marie (les deux traductions sont possibles) :

Ce qui s’offrent maintenant à nos yeux dans l’édification de la culture prolétarienne, nous le nommons : Noé lâche ses corbeaux. Nous savons combien lourdes sont les ailes du corbeau, il ne vole pas loin et il tombera sans avoir atteint le continent, sans l’avoir même aperçu ; nous savons qu’il ne reviendra pas, nous savons aussi que le rameau d’olivier ne pourra être rapporté par la colombe-image, dont les ailes sont sourdes par la foi de l’homme, laquelle ne vient pas de la conscience sociale mais de la conscience d’habiter le temple de l’éternité. Dans le long poème les juments épaves, on est frappé par l’étonnante lucidité du poète :

"Et si la faim, suintant des murs en ruines,
par les cheveux vient m’agripper,
je mangerai une moitié de ma jambe
et vous donnerez l’autre à ronger.

Je ne suivrai plus les humains,
J’aime mieux crever avec vous
que prendre une pierre du sol natal
pour frapper mon prochain devenu fou..."

En 1920, naissance de son fils Konstantin, exclusion de Sergueï de l’Union panrusse des poètes à la suite d’une rixe, avec le poète Ivan Sokolov.

Beuveries, scandales, tapages, coucheries bisexuelles... Sergueï brûla sa vie par les deux bouts. Arrestation dans la nuit du 18 au 19 octobre par la Tchika à la suite d’une dénonciation. Un ancien ami, autrefois SR, aujourd’hui agent de la Tchika, le fait libérer le 25 octobre.

Privé de ses racines et du véritable visage de cette Russie qu’il aime tant, il se met à voyager à travers l’Europe et les États-Unis d’Amérique en compagnie d’Isadora Duncan. Ce sera le cycle de Moscou la saoûle (3000 exemplaires vendus en un mois) :

"Mon coeur bat de plus en plus fort,
et je parle à tort et à travers :
comme vous tous, je suis un homme perdu,
pas de retour possible en arrière."

Puis dans le cycle L’amour d’un voyou

"Le poète griffe et caresse,
c’est son destin et son devoir.
J’ai cherché à marier sans cesse
la Rose blanche au crapaud noir.

Et qu’importe que dans les flammes
mes desseins roses aient péri.
Si mes démons nichaient dans l’âme,
les Anges y vivraient aussi.

Moi qui n’ai pas cru à la grâce,
qui ai péché comme personne,
qu’en chemise russe on me laisse
mourir en paix sous les icônes"(1923)

Même s’ il se sent étranger dans son propre pays, Essenine continuera de chanter la Russie... Sa Russie.

Son existence devient alors une fuite, car autour de lui, s’élèvent la violence, les persécutions, l’agressivité de la presse et des écrivains.

Alors Sergueï rêve qu’il rejoint la Perse, véritable patrie des poètes. Mais les ailes d’Essenine ne semblent plus assez fortes pour le porter au-delà de cette ville tentaculaire et carnivore, de cette patrie qui n’a plus qu’un seul visage, celui de la révolution qui conduit à une impasse.

L’ange blond aux yeux de ciel est devenu un homme gris au regard terne. Il avait commencé l’homme noir en 1922. Un pressentiment, sans doute le même qui empêcha Mozart d’achever son Requiem, suspendit sa plume. En 1923, il donne une lecture de la première version de ses poèmes. Mi-novembre, défiant sans doute le doigt du destin, Sergueï termine l’homme en noir.

Je pense sincèrement que le poète a bravé la mort non pour en finir, mais justement pour contraindre les jours à changer de direction et qui sait, si au fond de lui-même, il n’espérait pas l’apparition d’un chemin de traverse qui lui eût permis de retrouver sa chère Russie, terre de ses entrailles !

Tout au long de sa brève existence, il a vu disparaître nombre de ses amis poètes et artistes, les uns fusillés, assassinés ou disparus. L’une des dernières victimes s’appelle Alexeï Ganine, fusillée dans le plus grand secret en tant que chef de l’ordre des fascistes. Face à ces incertitudes, Sergueï s’est doté d’un revolver qui ne le quitte plus. Peu après, le 31 octobre, le poète apprend le décès de son ami Frounzé sur la table d’opération (cet “ assassinat médical ” aurait été commandé par Staline lui-même).

Il s’échappe de la clinique du professeur Ganouchkine le 21 décembre 1925. Encore et toujours cette fuite vers un ailleurs encore et toujours indéfinissable mais fuir, fuir était le seul mot d’ordre possible. Cette fois, ayant quitté Moscou, il arrive à Léningrad, où il prend une chambre (la numéro cinq) à l’hôtel d’Angleterre. Il travaille avec ardeur à ses oeuvres complètes en trois volumes. En effet, Sergueï a signé le 30 juin de cette même année, un contrat avec les Editions d’État. Ce projet lui tient particulièrement à coeur.

Le 28 décembre, au petit matin, on découvre Sergueï pendu au tuyau de chauffage avec le courroie de sa valise ! Suicide ou meurtre ?... Le débat reste ouvert. Cependant, pour ma part, je ne vois pas le poète se donner la mort sans avoir mis la dernière main à ses oeuvres complètes. De plus, de nombreuses contradictions émaillent l’enquête menée avec une extrême précipitation. On relève le refus de prendre les dépositions des derniers témoins qui virent le poète vivant. On notera également la disparition de tout ceux qui attestèrent son suicide, sans oublier, une des anciennes épouses du poète, qu’on retrouvera assassinée, alors qu’elle venait d’écrire à Staline, lui révélant toute la vérité sur la mort d’Essenine. Quant aux strophes écrites avec le sang du poète, elles ne constituent qu’une interrogation supplémentaire et en aucun cas la signature d’un suicide. Néanmoins, le mystère demeure entier.

Cette publication du dernier grand poète de l’Age d’Argent, permet au lecteur de pénétrer plus profondément dans le monde complexe, tourmenté de cet ange qui ne put jamais trouver une place dans une société en pleine mutation. Tour à tour, poète paysan, houligan, imaginiste, patriote écartelé, bisexuel, noceur, et voyou, Essenine, fauché par la mort à 30 ans, entré dans les programmes scolaires, depuis 1968, dont les recueils se vendent parfois à 7 millions d’exemplaires, n’a pas fini de nous fasciner.

"Mon ami, mon ami,
Je suis malade à en crever.
Mais cette douleur d’où me vient-elle ?
Est-ce le vent qui siffle
Sur les champs déserts, désolés,
Ou bien, comme les bois en septembre,
C’est l’alcool qui effeuille ma cervelle...

Ma tête agite ses oreilles,
Tel un oiseau ses ailes,
Elle n’a plus la force de se balancer
Sur le coût trépied.
Un homme noir,
Un homme noir, tout noir,
Au pied de mon lit
Vient s’asseoir,
Un homme noir
M’empêche de dormir la nuit.

Et l’homme noir
Glisse son doigt sur un livre infâme ;
Nasillant au-dessus de moi,
Comme sur un mort un moine,
L’homme noir me lit la vie
D’une fripouille et d’un pochard,
En m’imbibant de peur et d’angoisse
Jusqu’au fond de l’âme,
Cet homme noir, tout noir !"

 
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A
Bonjour Marussia désolé je te réponds ici car ton lien ne fonctionne pas, mais c'est une bonne idée pour les personnages que tu m'as donnéBisousArmando
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M
JE SUIS ESPAGNOLE ET DANS MON BLOG J'AI PARLE DE CERTAINS AUTEURS ESPAGNOS,  COMME GARCIA LORCA, ANTONI O MACHADO Y PUBLIÉ QUELQUES'UNS DE MES POEMES, ESPERE QUE VOUS IREZ LES VOIR.VOTRE B. MERCILOG M'INTERESSE BEAUCOUP.                                                                                       MARU                                                                                                  (MARUSSIA) 
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M
Merci de ta visite Gentleil est tard, je rapsserais!Bye
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:
Tans pis pour la visite du domaine, ce sera pour une autre fois, aujourd'hui je reste à la maison, le ciel est très gris et n'incite pas à la balade, au contraire, c'est une envie de chaleur qui me plairait bien. J'envisage la semaine prochaine de partir à Poitiers visiter le futuroscope et de remonter par les chateaux de la Loire, ce sera je pense une belle sortie.Bon dimanche avec le soleil au coeur, bises du jour.
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:
Coucou Paul, t'inquiéte pas pour moi, il en faut pour tous, celui là je le trouve sinistre, mais je sais que parmi tout ceux que tu nous présente il y en a qui savent me parler, c'est vrai aussi que j'aime ceux qui parlent amour tendresse, nature, je crois que chacun a sa spécialité et moi je suis instinctive du fait de méconnaissance de cet art.Tu as de la chance pour le temps, hier ma balade a été interrompue par la pluie. Bon week end, avec aujourd'hui soleil et chaleur humide, plus agréable que la pluie d'hier, bon après midi et bisous du jour
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